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Un référendum est-il vraiment un gros obstacle pour les lobbys ?
Alexandre Oberlin:
Salut à tous,
Je m’étais quelque peu engagé dans la lutte contre le deuxième tunnel routier au Gothard, et voici les Suisses retournés comme une crêpe en 12 ans. Au lendemain de ce revirement spectaculaire de l’opinion, je me pose la question : pour les lobbys, un référendum est-il un gros obstacle ? Ne serait-ce pas plutôt une manière de carte blanche ? Il semble bien qu’il suffise de mettre un paquet de pognon étayant mensonges, mauvaise foi et prétextes aussi inusables que fallacieux (sécurité, solidarité). Il est judicieux toutefois de rajouter un ingrédient nouveau (ici on profite pour creuser un nouveau tunnel routier de la réfection nécessaire de celui existant, et ce pour rien moins que 3 milliards de francs suisses !). Il semble que le bon peuple se laisse convaincre et arrête de réfléchir dès lors qu’il a la moindre raison d’ordre plus ou moins personnel et inavouable de dire OUI (gagner 5 minutes pour aller au Tessin le week-end en bagnole p. ex.). Des points de repère ici:
http://www.swissinfo.ch/fre/votation-gothard-28-f%C3%A9vrier-deuxi%C3%A8me-tunnel/41981260d
Résultat des courses : pour l’inauguration en grande pompe du tunnel ferroviaire de base en juin, avec tout le gratin européen qui aurait pu en prendre de la graine (sait-on jamais ?), la Suisse offre une politique des transports illisible :
- des tunnels à deux voies à sens unique, avec interdiction d’emprunter la deuxième voie (bande d’arrêt d’urgence exclusivement) vu que la limitation du trafic routier transalpin est désormais inscrite dans la Constitution ;
- un tunnel ferroviaire de basse altitude exemplaire, sapé juste avant son inauguration ;
- aucune solution innovante (ferroutage, chaussées roulantes) en vue, juste du béton et de la pollution ;
- le tapis rouge prêt à être déroulé pour obtempérer à Bruxelles en ouvrant toutes les chaussées au trafic (il faudra juste viser UNE FOIS le bon créneau dans les état d’âme du souverain, un seul OUI annihilant bien sûr tous les NON précédents) ;
- il y avait de nombreuses solutions moins chères et plus rapides pour ravaler le tunnel. En particulier il existe déjà une galerie de secours inutilisée et une galerie ferroviaire (rendue inutile par le nouveau tunnel ferroviaire de base). Les divers bénéficiaires de l’assiette au beurre ont bien sûr soigneusement occultées ces options au yeux du téléspectateur lambda.
Tout ça pour dire que si vous croyez que le référendum est la panacée… vous êtes de doux rêveurs.
Alexandre Oberlin:
Le message est parti tout seul avec ce stupide Chrome. Il y a une énorme faute d’orthographe dans l’avant-dernière phrase, mais je ne vois pas d’option pour modifier mon message. Lire: "Les divers bénéficiaires de l’assiette au beurre ont bien sûr soigneusement occulté ces options au yeux du téléspectateur lambda."
Alexandre Oberlin:
L’URL donnée était une réaction à chaud et a été autocensurée semble-t-il. Voici la version édulcorée :
s
Alexandre Oberlin:
On dirait que les messages sont envoyés dès qu’on change d’onglet...
Voici donc l’URL mise à jour :
http://www.swissinfo.ch/fre/votation-gothard-28-f%C3%A9vrier-deuxi%C3%A8me-tunnel/41981260
Camille Desmoulins:
Bonjour Alexandre,
Pour rebondir sur ta critique, je dirais que je suis moi aussi déçu par certaines votations suisses. Au tunnel du Gothard j'ajouterais l'initiative sur l'interdiction de la spéculation sur les denrées alimentaires, qui a été rejetée. Les financiers peuvent donc continuer à jouer pour maximiser leurs profits sur le dos des gens qui à l'autre bout du monde crèvent de faim !
Malgré cela, je ne vois pas d'autre solution pour faire du peuple le Souverain. Souveraineté qui en France est purement théorique.
Jacques Testart (voir son livre "l'humanitude au pouvoir"), qui est également favorable au RIC, ne considère cet outil que comme un pis-aller : il privilégie les "conférences de citoyens", c'est-à-dire la participation à la prise de décision de citoyens tirés au sort et informés par des experts sur les tenants et les aboutissants des sujets sur lesquels ils sont amenés à trancher.
Mais les démarches qu'il a accomplies envers les élus pour généraliser ce mode de fonctionnement sont restées vaines. C'est pourquoi je lui ai dit qu'en passant préalablement par le référendum d'initiative citoyenne, il pourrait ensuite se servir de cet outil pour tenter d'imposer les conférences de citoyens dans le domaine politique, en citant l'exemple de Charly Pache et de l'initiative sur le tirage au sort des membres du Conseil National qu'il est en train de préparer (www.genomi.ch).
En conclusion : même si le référendum d'initiative populaire n'est pas la panacée, je n'en pense pas moins que c'est le début de la solution à bien des problèmes. Pas tous, mais en tous cas ceux dont l'origine est politique ;)
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