Auteur Sujet: Un référendum est-il vraiment un gros obstacle pour les lobbys ?  (Lu 3784 fois)

Alexandre Oberlin

  • Participant occasionnel
  • *
  • Messages: 17
Salut à tous,

Je m’étais quelque peu engagé dans la lutte contre le deuxième tunnel routier au Gothard, et voici les Suisses retournés comme une crêpe en 12 ans. Au lendemain de ce revirement spectaculaire de l’opinion, je me pose la question :  pour les lobbys, un référendum est-il un gros obstacle ? Ne serait-ce pas plutôt une manière de carte blanche ? Il semble bien qu’il suffise de mettre un paquet de pognon étayant mensonges, mauvaise foi et prétextes aussi inusables que fallacieux (sécurité, solidarité). Il est judicieux toutefois de rajouter un ingrédient nouveau (ici on profite pour creuser un nouveau tunnel routier de la réfection nécessaire de celui existant, et ce pour rien moins que 3 milliards de francs suisses !). Il semble que le bon peuple se laisse convaincre et arrête de réfléchir dès lors qu’il a la moindre raison d’ordre plus ou moins personnel et inavouable de dire OUI (gagner 5 minutes pour aller au Tessin le week-end en bagnole p. ex.). Des points de repère ici:
http://www.swissinfo.ch/fre/votation-gothard-28-f%C3%A9vrier-deuxi%C3%A8me-tunnel/41981260d

Résultat des courses : pour l’inauguration en grande pompe du tunnel ferroviaire de base en juin, avec tout le gratin européen qui aurait pu en prendre de la graine (sait-on jamais ?), la Suisse offre une politique des transports illisible :
- des tunnels à deux voies à sens unique, avec interdiction d’emprunter la deuxième voie (bande d’arrêt d’urgence exclusivement) vu que la limitation du trafic routier transalpin est désormais inscrite dans la Constitution ;
- un tunnel ferroviaire de basse altitude exemplaire, sapé juste avant son inauguration ;
- aucune solution innovante (ferroutage, chaussées roulantes) en vue, juste du béton et de la pollution ;
- le tapis rouge prêt à être déroulé pour obtempérer à Bruxelles en ouvrant toutes les chaussées au trafic (il faudra juste viser UNE FOIS le bon créneau dans les état d’âme du souverain, un seul OUI annihilant bien sûr tous les NON précédents) ;
- il y avait de nombreuses solutions moins chères et plus rapides pour ravaler le tunnel. En particulier il existe déjà une galerie de secours inutilisée et une galerie ferroviaire (rendue inutile par le nouveau tunnel ferroviaire de base). Les divers bénéficiaires de l’assiette au beurre ont bien sûr soigneusement occultées ces options au yeux du téléspectateur lambda.

Tout ça pour dire que si vous croyez que le référendum est la panacée… vous êtes de doux rêveurs.







Alexandre Oberlin

  • Participant occasionnel
  • *
  • Messages: 17
Le message est parti tout seul avec ce stupide Chrome. Il y a une énorme faute d’orthographe dans l’avant-dernière phrase, mais je ne vois pas d’option pour modifier mon message. Lire: "Les divers bénéficiaires de l’assiette au beurre ont bien sûr soigneusement occulté ces options au yeux du téléspectateur lambda."

Alexandre Oberlin

  • Participant occasionnel
  • *
  • Messages: 17
L’URL donnée était une réaction à chaud et a été autocensurée semble-t-il. Voici la version édulcorée :
s

Alexandre Oberlin

  • Participant occasionnel
  • *
  • Messages: 17
On dirait que les messages sont envoyés dès qu’on change d’onglet...
Voici donc l’URL mise à jour :
http://www.swissinfo.ch/fre/votation-gothard-28-f%C3%A9vrier-deuxi%C3%A8me-tunnel/41981260

Camille Desmoulins

  • Membre du conseil d'administration
  • Participant hyperactif
  • ****
  • Messages: 275
Bonjour Alexandre,

Pour rebondir sur ta critique, je dirais que je suis moi aussi déçu par certaines votations suisses. Au tunnel du Gothard j'ajouterais l'initiative sur l'interdiction de la spéculation sur les denrées alimentaires, qui a été rejetée. Les financiers peuvent donc continuer à jouer pour maximiser leurs profits sur le dos des gens qui à l'autre bout du monde crèvent de faim !

Malgré cela, je ne vois pas d'autre solution pour faire du peuple le Souverain. Souveraineté qui en France est purement théorique.

Jacques Testart (voir son livre "l'humanitude au pouvoir"), qui est également favorable au RIC, ne considère cet outil que comme un pis-aller : il privilégie les "conférences de citoyens", c'est-à-dire la participation à la prise de décision de citoyens tirés au sort et informés par des experts sur les tenants et les aboutissants des sujets sur lesquels ils sont amenés à trancher.

Mais les démarches qu'il a accomplies envers les élus pour généraliser ce mode de fonctionnement sont restées vaines. C'est pourquoi je lui ai dit qu'en passant préalablement par le référendum d'initiative citoyenne, il pourrait ensuite se servir de cet outil pour tenter d'imposer les conférences de citoyens dans le domaine politique, en citant l'exemple de Charly Pache et de l'initiative sur le tirage au sort des membres du Conseil National qu'il est en train de préparer (www.genomi.ch).

En conclusion : même si le référendum d'initiative populaire n'est pas la panacée, je n'en pense pas moins que c'est le début de la solution à bien des problèmes. Pas tous, mais en tous cas ceux dont l'origine est politique ;)

YVAN BACHAUD

  • Membre du conseil d'administration
  • Participant hyperactif
  • ****
  • Messages: 724
J'ai écrit deux fois a la vingtaine de membres de conférence de citoyens pour leur demander s'ils étaient favorables au RIC qui leur permettrait de soumettre leur proposition au peuple si les élus ne l'adoptaient pas.
Je n'ai eu aucune réponse.. Evidemment je ne suis pas sûr que mon mail leur aIt été transmis..Mais une fois j'avais trouvé des mails par google et demandé de faire suivre aux autres
Il n'est pas sérieux de faire décider par de si petits groupes tirés au sort. Il en faut je crois au moins 1000 pour que l'échantillon soit représentatif;
Mais la conférence de citoyens puis RIC c'est défendable.
Mais avec 50 millions d'adultes , des groupes de citoyens " d'accord sur l'essentiel" pourront faire des propositions en toutes matières  et si les élus ne les adoptent pas en l'état, les citoyens sélectionneront -1  ou 2 fois  par an - celles sur lesquelles ils veulent voter .

Alexandre Oberlin

  • Participant occasionnel
  • *
  • Messages: 17
Salut à tous,

N’oubliez pas non plus que les Suisses ont jadis voté pour la TVA, géniale invention qui d’une part rend le joug insensible au plus grand nombre (mais non moins réel) et d’autre part fait de toute entreprise un rabatteur non rémunéré au profit de l’État, c’est-à-dire un complice objectif de ses agissements.

Concernant les critères à retenir, je me situe à mi-chemin des opinions exprimées ci-dessus par Camille et Yvan. Je suis d’avis :
1. que le votant doit prouver qu’il dispose de l’essentiel des informations objectives nécessaires ;
2. que le vote doit refléter une réelle motivation.

On s’assure de la motivation en rendant le vote PAYANT, avec un coût proportionnel aux moyens du citoyen. Le bien-fondé d’une telle approche n’est pas un scoop : http://www.lirelabible.net/parcours/voir_ref.php?cle=392 Même le fisc l’a adoptée c’est dire ! À titre purement indicatif, on pourrait subordonner le vote de chaque proposition au paiement de 0,1% des revenus annuels, plus 0,01% de la fortune. On pourrait à terme envisager de financer l’administration exclusivement par ce moyen (d’autant plus facilement si l’État est progressivement ramené à ses fonctions régaliennes et à un coût plus raisonnable suite aux RIC successifs). Cela signifie en particulier détaxation intégrale du commerce et du travail ainsi que liberté absolue d’entreprendre dans le respect scrupuleux de la Constitution et des règles en vigueur (environnement, droit du travail, etc), les amendes (salées et toujours proportionnelles aux moyens du contrevenant) fournissant un complément appréciable aux revenus de l’État. L’enterrement (en grande pompe) du système de taxes actuel (revenus, fortune, immobilier, etc.) devrait permettre d’imposer sans trop de peine la transparence absolue des revenus et des transactions et au passage épargner bien des frais.

On s’assure de la compétence du citoyen sur le sujet concerné en soumettant son vote à un questionnaire aléatoire préparé conjointement par toutes les parties en présence. Pour fixer les idées, si le votant a répondu correctement à 6 questions sur 10, son vote vaudra 0,6 et non pas 1. Le montant versé n’en restera pas moins acquis intégralement à l’administration, ce qui encouragera les citoyens à s’informer correctement.

Tout comme le système actuel, mais avec des enjeux plus sérieux, un tel système devra faire l’objet d’un contrôle rigoureux des fraudes de type achat du vote des particuliers par les représentants des lobbys et les parties intéressées. La transparence des transactions et la désaffection programmée de l’argent liquide devrait (c’est beau l’informatique n’est-ce-pas Yvan ? ;-) rendre la chose faisable.

J’attends le feu de vos critiques et suggestions !